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Niger : << je désire reprendre mes études >> confie cet élève reconvertit

Jusque-là le métier de tressage de chaises était reconnu aux autres catégories de handicap, mais pas au handicap visuel. Au Niger, ce métier est parmi les plus exercés par les personnes handicapées. Mahamadou Salou est un jeune handicapé visuel (mal voyant) de dix-neuf (19) ans qui exerce ce métier depuis cinq (5) ans.

A l’âge de 7 ans, Mahamadou Salou a eu la chance d’être inscrit à l’école moderne. En compagnie de ses paires de l’école Soli Abdourahamane (école des aveugles du Niger), il a appris à lire et à écrire en braille. Durant tout son cycle primaire, l’élève Mahamadou s’est démarqué par sa passion pour l’apprentissage, l’intelligence dont il faisait preuve et sa volonté de réussir. « En classe, j’accordais l’attention qu’il faut aux explications de l’enseignant. J’avais cette capacité de vite comprendre, donc j’avais une certaine avance sur mes camarades. Au CM2, j’ai passé mon CFEPD et j’ai commencé le collège ».

Une fois au collège, Mahamadou Salou excellait dans ses études et une occasion de les poursuivre aux États-Unis se présentât à lui. Mais contre toute attente, sa tante s’opposa à cette opportunité. «  Elle disait que les blancs ne me laisseront plus revenir si j’acceptais de les suivre en Amérique. Elle a brandi toute sorte d’arguments et s’est farouchement opposée. J’étais en classe de 5ème au temps des évènements ».
Aujourd’hui, Mahamadou exerce le métier de tressage de chaises malgré lui. Néanmoins, il le fait avec beaucoup de courage et d’abnégation. Seul, assis sur le cadre de la chaise à tisser, à côté de lui les cordes choisies, Mahamadou travaille toute la journée en compagnie des sons de musiques, de prêches ou d’informations captés à partir de son téléphone portable. Aimable et estimé, quelques passants le saluent et l’encouragent. Il n’y a pas à dire le talentueux artisan est loin de passer des journées dans la solitude. « Le handicap est un cadeau de Dieu, pour lequel je lui dis merci. Dans notre milieu, les personnes handicapées visuelles ne s’adonnent pas au tressage de chaises. J’arrive à l’exercer parce que je suis une personne malvoyante. Je peux distinguer une infime couleur et lorsque j’hésite, je demande aux autres » précise-t-il.

Il est cependant clair que si Mahamadou continue à tresser les chaises, c’est parce que tout simplement, il a horreur de la mendicité et du gain facile. « Je préfère subvenir à mes propres besoins avec ma sueur que de tendre la main ou de cultiver l’esprit de l’oisiveté et d’être une charge pour ma famille  » confie-t-il. Aujourd’hui encore, Mahamadou exprime le besoin de reprendre le chemin de l’école et de poursuivre ses études. Il murit toujours le rêve de devenir un cadre nigérien au service des droits des personnes handicapées.

Bissoundi Zeinabou pour la FNPH

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